Cas des enfants en conflit avec la loi au Bénin

A l’instar du monde entier, le phénomène de la délinquance juvénile est en pleine évolution au Bénin. Elle se développe avec une gamme variée d’infractions partant du vol aux agressions physiques. Elle est largement masculine avec une forte prédisposition d’enfants déscolarisés ou non scolarisés.

Les causes de cette délinquance sont liées à la pauvreté, aux relâchements des responsabilités familiales sur les mineurs suite à la séparation, le décès d’un ou des deux parents ou à la démission de ceux-ci. A cela s’ajoutent la décadence de l’éducation dans les établissements publics et privés, la faiblesse de l’encadrement de la collectivité, le manque de volonté politique de l’Etat et les influences négatives de la rue et des médias sur les enfants.

 La pratique judiciaire relative à  la prise en charge de ces enfants, le nombre limité de juges pour enfants et la surcharge de travail de ceux-ci se conjuguent avec une absence de spécialisation entraînant  la lenteur dans le traitement des dossiers et le jugement et par conséquent, un effectif non négligeable de mineurs en conflit avec la loi qui sont derrière les barreaux des prisons et ce, dans des conditions de détention  hyperdifficiles et sans espoir d’un avenir  radieux.

 Et pourtant, la législation béninoise, à travers l’ordonnance N° 69-23 PR/MJL du 10 Juillet 1969, relative au jugement des infractions commises par les mineurs de dix huit ans, en harmonie avec les instruments juridiques internationaux dont le  plus important est la Convention relative aux droits de l’enfant ratifiée par le Bénin depuis le 03 août 1990, a prévu leur récupération, leur resocialisation et leur réinsertion professionnelle ainsi qu’une série de mesures alternatives à l’incarcération dont la mise en œuvre souffre entre autres  de l’insuffisance des centres de placement ou de leur inexistence dans certaines régions.

Le résultat de tous ces dysfonctionnements est l’incarcération massive avec en priorité la détention provisoire avant jugement où ces enfants sont livrés à eux-mêmes avec un danger permanent de contamination criminelle. A la prison, l’alimentation est déséquilibrée, l’espace insuffisant et l’hygiène y est déplorable. Aussi les interactions entre l’administration pénitentiaire et les détenus ou entre codétenus  sont-elles difficiles et jonchées d’agressivité. La prison alors inhibe d’une part, la croissance physiologique et le développement normal de la personnalité des enfants incarcérés  et d’autre part, leur développement social hypothéquant ainsi toutes les chances d’une réinsertion socio-professionnelle réussie à leur sortie.

Les structures en charge de la protection des enfants, les personnels chargés de la justice et de la protection des mineurs en conflit avec la loi ont encore des capacités relativement limitées quant à l’importance des ressources humaines, des équipements et du budget pour intervenir efficacement et ces enfants impuissants, croupissent malheureusement encore derrière ces barreaux qui  leur volent leur enfance et détruisent leur personnalité à jamais.

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